Nous allons continuer dans la lignée des femmes auteures de roman policiers. Sokhna Benga Mbengue en fait partie. Elle est née en 1967 à Dakar, au Sénégal. Sokhna porte de multiples casquettes (écrivaine, juriste spécialisée dans le droit maritime, éditrice, scénariste…). Là, je m’attaque à un monument littéraire, à une grande dame de la littérature Sénégalaise qui a reçu de nombreux prix pour sa carrière littéraire, entre autres:
- Grand prix de la commune de Dakar (1988) pour « le dard du secret » qui soulève le problème de l’inceste entre frère et sœur ainsi que celui de l’abandon d’enfant
- Grand prix du Président de la République pour les lettres (2000) pour « La ballade du sabador ». Elle y aborde l’abus d’autorité et l’infidélité des hommes, l’asservissement des femmes, le tout dans une trame de surnaturel
- Chevalier de l’ordre national du lion (2003)
- Chevalier de l’ordre national des arts et des lettres du Sénégal (2000)
Ecrire est un art, une passion que Sokhna Benga partageait avec des jeunes, des prisonniers, lors d’ateliers écriture, lorsqu’elle vivait en France.
Ce qui est sûr, c’est qu’elle a laissé son empreinte dans le monde littéraire sénégalais. Comme beaucoup d’écrivains elle s’est essayée, avec succès, à différentes formes d’écriture (nouvelles, jeunesse, poésie, romans…). Son épisode roman policier se résume à une trilogie parue en 2012: le médecin perd la boule, le temps a une mémoire et les souris jouent au chat. De petits concentrés de bonheur.
Elle a aussi écrit une série de livres pour la jeunesse:
- la collection Fadia (2010) – à Poukham, et les outres du ciel, s’imagine tant de choses, connaît la sècheresse, connaît l’exode, découvre la grande ville, le rêve est-il possible? La petite Fadia fait face à une réalité à laquelle font face beaucoup d’enfants de la zone rurale .
- Le beau pays d’Aldiouma (2011) –
Ce qui m’a plu chez elle, c’est sa façon de mettre à vif les maux tus de la société sénégalaise. Elle n’égratigne pas, elle plonge la plume sans regret là où il fait mal et expose la plaie à tous les regards. Dans bris d’ombre (2013), elle parle d’un grand tabou, la pédophilie et l’hypocrisie de la société face à ce mal. Les mots claquent, frappent et hurlent la vérité sociale. Les mots sont posés sur les maux d’une société à la limite d’une décadence qu’elle ne saurait nommer.
Je pense vraiment que cette grande dame de la littérature sénégalaise qu’est Sokhna Benga, est la conscience d’une société encore écartelée entre traditions et modernisme, aveugle de ses tares. Si vous souhaitez connaître la face obscure de la société sénégalaise, vous savez qui lire.
BIBLIOGRAPHIE (non exhaustives)
- 2003 Waly Nguilane – le protégé de Roog tome 1 & 2
- 2003 La ronde des secrets perdus
- 2006 – Marre – carnets de voyage – nouvelle
- 2006 Anthologie – paroles partagées
- 2006 Waly Nguilane ou l’éternel miracle
- 2006 la marche aveugle – nouvelle
- 2007 Bayo la mélodie du temps – roman
- 2015 l’or de Ninkinanka