Nimrod Bena Djangrang est né le 7 décembre 1959 à Kogom au Tchad. Il fit ses études supérieures en Côte d’Ivoire. Docteur en philosophie, il est aussi romancier, essayiste et poète.et animateur de revue (Aleph, beth, de 1997 à 2000, et Agotem, 2003 à 2005) et éditeur (Le Manteau & la Lyre).. Il a animé quelque temps une chronique de critique littéraire sur le site Web d’Africultures
intitulée « Phase critique ». Il enseigne la philosophie en France.
Nimrod a reçu entre autres le Prix de la Vocation (1989 pour Pierre, Poussière), le Prix Louis Labé (1999 pour Passage à l’infini), la Bourse Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres (2001 pour Les Jambes d’Alice). Au printemps 2008, Le Bal des princes (roman) et La Nouvelle chose française (essai) ont reçu les Prix Benjamin Fondane, Édouard Glissant et Ahmadou Kourouma. Nimrod a reçu le Prix Max Jacob en 2011 pour Babel, Babylone (poèmes, Obsidiane) et le Prix Pierrette-Micheloud en 2016 pour Sur les berges du Chari, district nord de la beauté (poèmes, Bruno Doucey). Il fut professeur visiteur à l’université du Michigan (Ann Arbor) à l’automne 2006 ainsi qu’en septembre 2008 pour une résidence d’écriture de six mois. Le magazine Le Matricule des anges (n° 91, mars 2008) et la revue de poésie Autre.
Bibliographie
• 2017 J’aurais un royaume en bois flottés
• 2017 Petit éloge de la lumière nature
• 2016 Sur les berges du Chari, district nord de la beauté, Prix Pierrette-Micheloud,
• 2004 En saison, suivi de Pierre, poussière, poèmes
• 2004 Les éléphants, poèmes, livre d’artiste avec le peintre Décebel,
• 2010 Babel, Babylone, poésie, Prix Max Jacob
• 1999 Passage à l’infini, poèmes (Prix Louise Labé)
• 1989 Pierre, poussière, poèmes, (Prix de la Vocation Fondation Marcel Bleustein-Blanchet)
• Gens de brume 2017
• L’enfant n’est pas mort 2017
• Un balcon sur l’Algérois roman, Prix des Charmettes / Jean-Jacques Rousseau 2013
• L’or des rivières récit 2012 « Revenant au pays comme chaque année pour visiter sa mère. Nimrod emprunte aux premières lueurs de l’aube les ruelles ocre de son quartier d’antan. Par-delà les années la vieille dame n’a pas bougé, et pour son fils exilé, voyageur lettré de passage en ce monde dont elle préserve l’intemporelle réalité, un sentiment soudain se précise : « C’est ma mère qui invente ce pays. Comme j’ai mis longtemps pour formuler cette idée. Elle est si simple pourtant. Dépouillé depuis toujours de la moindre de mes richesses, surtout lorsque j’ai eu dix-neuf ans – qui est l’âge de la guerre civile -, le pays ne cesse de me piller. Ma mère incarne ce dénuement. Aux poètes tchadiens – présents et à venir – je dédie cette parcelle de nudité que même la fraîcheur matinale dédaigne désormais. Il faut beaucoup d’imagination pour lui trouver un attribut maternel. C’est mon rôle à moi qui suis poète. Ma mère invente le Tchad. » A partir de ce subtil hommage, Nimrod déploie, dans une succession de tableaux, des récits dans lesquels il réenchante les bonheurs passés, évoque les rares moments de partage avec son père, grand absent de sa vie, et revient aux origines de son tempérament contemplatif, comme si dans l’enfance il percevait déjà l’inévitable départ et dès lors s’efforçait de préserver en lui un refuge aux dimensions de l’univers : la poésie est fille de mémoire ».
• La nouvelle chose française roman 2008
• Le Départ récit, 2005
• Les jambes d’Alice, roman, 2001 (Prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres) « Les pieds montent et tanguent dans l’espace — qui s’en trouve poli —, atterrissent et, de nouveau, rebondissent. Rien de violent, rien que de la souplesse. L’eau, l’air et le vent sont leur royaume. La sécheresse du sol ne trouble pas la vision que je m’en fais : ces pieds sont vraiment miraculeux, leur détente est un bonheur que tout fétichiste se doit d’adorer. Moi qui cours après le mirage, quelle impression de bien-être, quelle récompense ! D’infimes frémissements me transmettent le rythme de ces pieds, et c’est l’extase à chaque pas !
La distance se creuse entre nous. Dans le soleil progressent Alice et Harlem ; elles sont arrivées au bout de la pente débouchant sur la courbure de la route, prochaine amorce d’une ligne droite jusqu’à l’horizon. On sent que leurs jambes esquissent un virage. C’est d’un même élan que leurs pieds vont et viennent, cadence quelque peu lassante et, cependant, assez véloce pour suggérer des variations que seul pourrait rendre visible un ralenti de cinéma. »
• Visite à Aimé Césaire, essai, Obsidiane, 2013
• Aimé Césaire « Non à l’humiliation » Actes Sud, 2012
• Le bal des princes essai 2008 « Aux vieux, je dois cacher une vérité pour le moins anodine : je suis d’ailleurs, même si c’est toujours sur eux que je m’appuie. Mon présent est celui du voyeur, qui ne saurait témoigner de ce qu’il voit tant son discours intègre des références étrangères au milieu. Je sais que le village a raison, la modernité tout comme ; il leur faut seulement dialoguer, et les vieux n’ont pas appris la forme du dialogue moderne. Et c’est épuisant de s’expliquer aux uns et aux autres, de souhaiter que les vieux meurent pour qu’advienne un monde plus homogène. Le passé est ma nostalgie, c’est mon arrière-monde, ma profondeur dans le paysage. Je perds trop de temps en allant d’un monde à l’autre, et je me perds à vouloir expliquer qui je suis, car je n’ai pas besoin de m’expliquer pour être. Là, sur la digue, j’aimerais danser puisque sur la digue, en un jour comme celui-ci, on danse, on frémit. La foule, elle, est des plus sérieuses. L’infini, au loin, cache ou masque un événement considérable. Je suis là en clandestin, et ma joie aussi, et ma peine, et mon chant, et cette souffrance pour trouver un accord rudement négocié entre des langues, des mœurs, des valeurs disparates. Cela m’empêche d’être léger par moments… Sauf quand je suis seul, quand je n’ai pas à justifier ni mes actes ni mes pensées, qui sont solitaires et innombrables, comme le soleil en ce moment. Je le sais : quelquefois, je suis un rayon de lune… »
• Commerce de l’imagination, essai, éd. Mémoire d’encrier, Montréal, novembre 2005
• Tombeau de Léopold Sédar Senghor, essai, Le Temps qu’il fait, 2003
• En majesté, le soleil rouge et noir. Sur la peinture de Colette Grandgérard, essai, Aleph, beth, ouvrage à tirage limité
Littérature jeunesse
• Rosa Parks, non à la discrimination raciale, roman, 2008, coll. « Ceux qui ont dit non ».
• Non à l’individualisme, collectif, 2011, coll. « Ceux qui ont dit non ».
• Aimé Césaire, non à l’humiliation, roman, A2012, coll. « Ceux qui ont dit non ».
• Non à l’indifférence, collectif, Actes Sud Junior, 2013, coll. « Ceux qui ont dit non ».
• Léon-Gontran Damas, poète jazzy, éditions À dos d’Âne, Paris, 2014.
• Non à l’intolérance, collectif, Actes Sud Junior, 2015, coll. « Ceux qui ont dit non ».