soleil à son lever – Amina Saïd – 2002

chaque jour tu rattrapais la lune
qui fuyait

chaque jour tu approchais de mon silence
pour y mêler le tien

je me voyais poser la main sur une ombre
moi-même j’étais une ombre
sans paupières

nous étions notre propre désert
pierre au vif des sables
et source dans l’amour du monde

nous étions l’oiseau blanc
qui porte le nuage entre ses ailes
nous étions le vol et l’oiseau
fendant le ciel du regard
quand s’abolit la distance
et que renaît le feu

soleil à son lever
chaque jour tu rattrapais la lune
qui fuyait

nous étions la lune et le soleil
et la couleur qui soutient le ciel
et son commencement

nous étions lumière et ténèbres
nous étions la roue
qui assemble le jour et la nuit

nous étions l’homme la femme
et l’enfant que je voyais en toi

chaque jour tu approchais de mon silence
pour y mêler le tien

nous étions la totalité
des voyelles et des consonnes
que scellaient nos bouches de chair

nous étions le feu vif et la cendre
et nos propres décombres

nous étions tout ce qui n’eut pas lieu
et qui dure

La douleur des seuils, Paris, Clepsydre/ La Différence, 2002.

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