Laïty Ndiaye est actuellement instituteur dans la Région de Kaolack au Sénégal. Il a écrit deux recueils de poésie et une pièce de théâtre. Il participe à des revues poétiques comme «17 secondes», «La Cause Littéraire« ou «Le Capital des mots». A travers ses rimes, sa prose, il fait part au monde de ses rêves. De ses questionnements sur notre époque. Avec une grande lucidité.
A.D Bonjour Laity Ndiaye, Je m’appelle Amélie Diack. Je vous remercie d’avoir accepté cet interview. Pouvez-vous vous présenter?
L.N Bonjour, je m’appelle Laity Ndiaye. Je suis un auteur sénégalais et instituteur dans le public.
A.D Pouvez-vous nous parler votre enfance, vos études?
L.N Je suis né en Cote d’ivoire, en 1989, plus précisément à Agboville dans une commune, dans le sud, pas loin d’Abidjan. J’ai passé une enfance plutôt calme. À tel point qu’il ne m’en reste plus un souvenir intacte. Je me souviens que nous habitions un quartier assez convivial et vivant, « vert » à souhait (si vous connaissez la végétation de ce pays). Mon père était comptable dans une scierie pas loin de mon école élémentaire et celles de mes deux grandes sœurs Mossane et Mari, EPP COTIVO (ma sœur cadette Dior faisait la maternelle). Ma mère Ndeye Coumba Ndour, s’est chargée essentiellement de notre éducation. Je me souviens que je passais la plupart de mon temps à la maison, entre dessins animés et bande dessinées, vélo, Playstation et jeux inventés (avec mes amis d’enfance Brice, Stéphane, Arthur…) et maitres de maison (lol).
Nous y sommes restés jusqu’à la veille de la guerre civile et c’est en 2001 que la famille a débarqué au Sénégal, à Ndoffane Laghem. Mon père Birame est de Tanda Mboudaye, ma mère Ndeye Coumba Ndour de Sikatroum et Sokone.
Jai fait le collège à Ndoffane, le lycée à Kaolack et après le Bac, 3 années universitaires à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, au département de littératures et civilisations des pays de langue anglaise. J’ai suspendu la fac juste après l’obtention de la licence en 2011 : j’étais trop peu motivé et beaucoup trop dispersé lol.
A.D Comment avez-vous découvert votre désir d’écrire ?
L.N Mon désir d’écrire est né du contact au lycée avec la littérature. L’initiation en seconde avec la littérature francophone (française et africaine notamment). Jai eu la chance aussi de partager ces années-là avec des amis qui partageaient une commune passion de l’écriture Pape Serigne Sylla (qui faisait carrément du rap), et Cheikhou Omar Niang. Nous nous sommes essayés tous ensemble à écrire nos premiers poèmes. J’ai écrit mon premier poème en classe de seconde « Passagère éphémère ».
A.D Quand avez-vous décidé de devenir écrivain ?
L.N Quand les poèmes se sont suivis …aussi quand mes amis m’ont conseillé d’y penser plus sérieusement. C’est à ce moment-là que je me suis, à mon tour, motivé.
A.D Qu’a pensé votre famille de votre désir de devenir écrivain ?
L.N Vous savez, même aujourd’hui je préfère laisser les gens réaliser ce que je prétends devenir. Par conséquent, il n y a pas eu ce moment où je le leur annonce. Aujourd’hui, toute la famille est au courant et me soutient (mes proches aussi) et amis de tous les jours.
A.D Quelle a été la source d’inspiration de votre premier recueil ?
L.N Il faut peut-être préciser que je n’ai pas écrit Textes Vespéraux « intentionnellement »… j’étais entre 2006 et 2012 je m’entrainais à écrire des poèmes, ces textes-là qui ont fini par faire ce recueil publié aux éditions Edilivre.
L’inspiration principale du recueil se trouve cristallisé dans un seul poème naïf lol « Le Phénix » même si d’autres thèmes y sont et que le recueil est riche en genres et postures.
LE PHÉNIX
Du trône en or dans mon cœur je t’ai vu descendre.
Moi phénix, encore, je renais de mes cendres,
De ma mélancolie mes textes ont fait le deuil,
On dirait des larmes sur une feuille,
J’ai versé d’abord la première, je recueille
Ensuite une deuxième puis vint le recueil.
Ce jour noir, baptême d’une nouvelle passion
M’a vu transformer mes larmes en inspiration.
De la trahison, ce mirage… ton accueil,
À mon âme blessée, il ne restait plus rien sinon l’orgueil ;
Mon amour que tu as violenté puis poussé de l’escalier,
Au lieu du palier est retombé mollement sur du papier.
© TEXTES VESPERAUX, EDILIVRE 2012
A.D Superbe. Vraiment
A.D Combien de temps avez-vous mis pour l’écrire ? En étiez-vous satisfait ?
L.N Je crois qu’il m’a fallu quelque chose comme 6 ans, entre le moment où je me fais la main – où je me cherche et le moment où je décide de relire, retoucher, faire relire et relier le tout (naïvement) dans TEXTES VESPERAUX. J’étais satisfait, à l’époque, car je me voyais un peu mis en lumière, ça m’a permis de publier dans des revues poétiques, magazines culturels, et d’en vouloir plus (j’en remercie Edilivre même si d’un côté l’édition pouvait toujours être mieux menée)…mais bon j’imagine que tout est relatif dans la vie.
A.D Comment ce recueil a-t-il été accueilli dans le monde littéraire ?
L.N Je ne sais pas trop : vous voyez, avec Edilivre il n’y a pas eu de présentation du livre au grand public, ni de cérémonie de dédicace, aucune stratégie de promotion mise en œuvre. Tout ce que je sais c’est que l’œuvre est en ligne un peu partout…et c’est tout. Je réside au Sénégal, les choses se passent en France. Cela dit, j’ai fait lire le recueil à quelques connaissances qui m’ont peut-être laissé entendre ce que je voulais (rires).
A.D J’ai eu le même problème avec Edilivre. Mon livre n’a reçu aucune promotion de leur part. J’ai résilié mon contrat avec eux.
L.N Quand on n’a plus le choix.
A.D Avez-vous écrit d’autres livres ? Comment vous sentez-vous à chaque publication ?
L.N En 2013, je me suis essayé au théâtre avec une espèce de fiction L’Apocalypse ; toujours avec Edilivre. Une pièce dérivée d’un poème qui avait de la ressource sans doute.
Et cette année est paru mon second recueil Journal d’un Schizo aux éditions Harmattan Sénégal, un recueil de poèmes de 55 poèmes avec un champ thématique différent (une maison d’édition différente aussi lol)
À chaque parution, je me sens « excité », plein d’espoirs comme un chanteur qui sort un disque. J’aime beaucoup la musique, d’ailleurs je me sens comme un artiste ou un acteur (c’est une confidence) …disons que ce qui me manque, c’est de faire des concerts.
A.D Pensez-vous que la passion d’écrire peut se transmettre ? Si oui, par quel biais?
L.N Oui absolument
Je suis de ceux qui pensent qu’elle n’est pas systématique bien qu’on puisse avoir des prédispositions. Il vient forcement où on a un déclic, une inspiration, une motivation supplémentaire.
Cette passion se contracte oui soit par un contact avec des gens, avec des choses ou par l’école, par la lecture, par des nouvelles expériences, par n’importe quoi …
A.D Que représente l’écriture pour vous? Est-elle synonyme d’engagement sociétal ?
L.N L’écriture est pour moi un asile. Le moment où j’écris est un moment particulier dans la journée (je me souviens, par exemple, il m’arrive de me souvenir à quel moment j’ai écrit certains de mes textes). L’écriture est amour pour reprendre ce que disait l’écrivain Sony Labou Tansi. En ce qui me concerne, mon écriture est parfois engagée parfois non. Je marche au feeling. Il faut que j’aie impérativement envie d’écrire sur un sujet pour aller au bout. Alors, selon moi, c’est bien de mettre « sa plume » au service d’une cause mais si tant est que le cœur et l’inspiration y soient.
A.D Quels sont vos futurs projets ?
L.N Depuis un long moment maintenant, j’ai bien envie de créer une revue poétique sénégalaise en kiosque et en ligne qui servirait de vitrine aux poètes sénégalais. Je pourrais m’y mettre d’ici peu. L’idée m’est venue de par le constat (mon expérience personnelle) qu’ici au pays il y a beaucoup de poète mais chacun suit son propre chemin, en solo (sans apprendre des autres et échanger). Il nous manque un cadre qui nous mobilise tous…à propos, je suis membre fondateur avec d’autres du cercle des auteurs et amoureux du livre de Kaolack (CAALK). Publier n’est pas chose facile, il faut alors des vitrines pour auteurs (en guise d’alternative).
Par ailleurs, j’écris toujours.
A.D Quels conseils pouvez-vous donner à des jeunes auteurs ?
L.N Mon conseil aux jeunes auteurs, c’est d’apprendre, je les invite au travail, à la lecture des autres et à la patience. Un livre étant fatalement une partie de soi, il faut s’appliquer dans sa conception, sa réalisation et son suivi.
A.D Quels conseils me donnerez-vous pour améliorer mon blog dont le lien est https://litteratureetecrivainsdailleurs.blog/ ?
L.N Votre blog est bien tenu. Accueillant. Je vous trouve peut-être un peu effacée dans le blog. Est-ce voulu ?
A.D Oui, tout à fait. J’ai mon blog auteur. Le blog « Littérature d’Ailleurs » me permet de parler de la littérature africaine. Une littérature riche et qui a le droit de se faire connaitre.
L.N Absolument. J’en sais quelque chose de votre travail parce que je vous suis sur vos deux blogs et sur Facebook. Bonne continuation et merci.
A.D Merci à vous. Je suis très touchée. Je commence à faire des adeptes à travers le Monde (jusqu’en Corée du sud, j’en suis encore étonnée). Les gens me demandent des conseils de lecture et sont heureux de découvrir « une littérature riche et dépaysante«
A.D Avez-vous quelque chose à rajouter ?
L.N Merci. Il est très difficile de parler de soi d’où l’importance de moyens comme votre blog. Je remercie pour leur soutien Aly Bâ, Moustapha, Woury, Cheikhou, ma famille, mes ami(e)s…
Je rajouterai seulement pour ceux qui voudront me lire que je suis joignable sur Facebook (daphoenix LN). J’ai également un blog : laityndiaye.wordpress.com.
Pour mon actualité, en décembre, je serai étapiste sur LES RENCONTRES DU FLEUVE à Kaolack. Merci à vous
A.D Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions.
Merci à toi Laity
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Merci Lee Ham
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