Quatrième de couverture
« Le turban et la capote » est une comédie satirique dans la lignée du théâtre nassurien. Cette pièce qui a soulevé des vagues de rires, à Mayotte et à la Réunion, se fait l’écho des formidables mutations de la société mahoraise où les traditions musulmanes sont confrontées à la modernité occidentale. Au centre des dénonciations du dramaturge mahorais, se trouve le problème de la femme et de son émancipation, celui de la régulation des naissances, de l’allusion à la réforme des noms patronymiques et à la départementalisation tant souhaitée par la population. Comme l’avait dénoncé Molière, en son temps, ici, les serviteurs de Dieu sont des hommes. Et lorsque sous le turban du cadi Mabawa Ya Nadzi, on reconnait Tartuffe et Don Juan, au bout de chaque réplique, le spectateur se tord de rire car, dans ce melting-pot cultuel et culturel, tout le monde ne prend pour son grade.
Chronique
En voyant le titre, j’ai souri car j’avais en tête un cadi tenant une capote. Ces deux – là n’étaient pas faits pour aller ensemble. Dès le départ, cet amalgame nous donne une idée de ce que l’on va lire. Mayotte et son double statut avant la départementalisation. Mayotte et ses cadis qui font justice. Des cadis parfois bien graveleux. Des hommes qui n’ont de religieux que le nom. Des images. Des tableaux de la vie sociale qui sont de vrais pamphlets dépeignant certaines réalités.
Le turban et la capote est une pièce de théâtre dans laquelle l’avare, Tartuffe, le malade imaginaire auraient bien leur place. Nassur Attoumani nous dépeint la société avec beaucoup d’humour. Les répliques sont succulentes et font rire aux larmes. Que peuvent bien faire ensemble un cadi et un époux obsédés sexuels et attirés par la même femme? Quelle est la place de la religion dans la désinformation sur les MST, la polygamie? Oups, je voulais dire la « multigamie ».
Les scènes sont sobres et laissent la place aux acteurs et à leur jeu. Du rire, du rire et encore du rire. Tous les sujets sont abordés: avortement, Sida, MST, divorce, grossesses à risque, abandon de foyer, etc. Mais, sous un angle jamais vu sauf par le cadi et ses désirs inassouvis. La lecture se fait d’une traite et avec d’énormes éclats de rire. Les quiproquos sont nombreux et régalent le lecteur. Pour dire vrai, le titre nous fait miroiter de l’humour à gogo et nous ne sommes pas déçus. Le turban et la capote, une longue et truculente histoire de religion inventée par un cadi lubrique, stupide et un époux ignare. Eclats de rire garantis.
Note 17/20
9782296106604 Ed. L’Harmattan Coll. Théâtre des cinq continents 98 p. 11€
A reblogué ceci sur Les chroniques de Lee Ham.
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