Quatrième de couverture
On ne s’exile pas de gaieté de cœur, dit la blédarde. Comment faire autrement quand son pays, le pays qu’elle aime, est déchiré par une guerre qui oppose un pouvoir corrompu et des fanatiques religieux et dont le peuple est la victime, ce pays qui a le même âge qu’elle, qui était une promesse ? Alors, partir, oui, afin de tenir sa propre promesse d’un avenir meilleur pour son enfant, une petite fille, et débarquer dans une ville de banlieue, pôle d’immigration agité de revendications identitaires. S’adapter à un nouveau monde sans perdre son regard critique, reconquérir des diplômes, faire ses preuves, lutter contre les préjugés qui frappent les ex-colonisés, se désoler avec les anciens du dépérissement du vieux bourg. Garder mémoire de la terre qui l’a faite, du père, moudjahid de la guerre d’Indépendance, dont la mort précoce laisse une blessure qui ne se referme pas. Garder mémoire de l’ancêtre, le cheikh tyrannique, de la grand-mère au grand cœur, des musiques et danses, des saveurs, des senteurs, des lumières et de la mer. C’est une voix qu’on entend, à laquelle Amel Djabar donne présence, la voix de la blédarde, une et plurielle.
Chronique
La vie au bled est souvent simple, dans les souvenirs. Mais, il arrive toujours un moment où il faut quitter son pays. Pour de multiples raisons. Il faut s’établir dans un ailleurs où tout semble étrange et où l’on se sent étranger à tout. C’est ce qui arrive à l’auteure.
Partir. Tout laisser derrière soi. Recommencer une nouvelle vie avec de nombreux facteurs inconnus. Avec des souvenirs indélébiles. Avec une enfance où un grand-père autocrate tient une place très importante. En tant que tortionnaire familial. Un récit qui nous transporte dans une enfance algérienne. La vie d’une famille qui se fond dans l’histoire du pays. Une histoire récente et sanglante. Puis vient l’exil. Rendu obligatoire par l’instinct de survie. Par l’absurdité des évènements.
Amel Djabar nous invite dans sa vie. Dans ses souvenirs. Dans ses choix de vie. Nous rions, nous pleurons, nous nous révoltons avec elle. Les récits se font avec beaucoup d’humour et de réalisme. Elle nous invite à nous souvenir de notre enfance. A nos choix de vie. Nous découvrons la place traditionnelle des femmes algériennes. Leur joie de vivre. C’est un roman plein de fraîcheur.
Note 18/20
9782343214542 L’harmattan Coll. Rue des écoles/Littérature 212 p. 21,50€
A reblogué ceci sur Les chroniques de Lee Ham.
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