Au pays des poubelles – Fourate Chahal EL REKABY – 2021

Quatrième de couverture

Il y a plus de vingt ans, dans un petit pays en bord de mer, une crise des ordures dégénère. Le territoire, noyé sous ses « poubelles », est placé en isolement international, toutes frontières fermées. Les habitants, confinés dans leurs immeubles, encerclés par des montagnes de déchets pestilentiels, sont abandonnés à leur sort. Au pays des poubelles raconte l’histoire d’Aya, née après « la crise », de sa famille et de ses voisins, qui survivent et s’accommodent d’un état d’urgence qui dure. Dans cet étrange huis clos, où la vie en communauté est une condition de survie, ce petit univers foisonnant s’obstine et résiste, coupé de tout et de tous.

Chronique

La grève des poubelles dans une ville fait souvent la une des media. Les odeurs, les rats empoisonnent la vie des habitants. La population se révolte, fait des pétitions, s’alarme des effets sanitaires de toutes ces poubelles à l’air libre. Alors, imaginez un pays entier où les poubelles s’entassent sans aucun espoir de  nettoyage. Les tas s’élèvent vers le ciel, bouchant la vue et répandant leur odeur fétide. Dans un immeuble, des familles qui n’ont pu partir, vivent isolés du monde. Depuis des années, cet immeuble qu’ils ne peuvent quitter sous aucun prétexte, est leur territoire.

Ce roman est un huis-clos. Le monde se limite à un immeuble de dix étages. Comment en est-on arrivé à cet isolement? Les droits les plus élémentaires de ces êtres humains sont foulés au pied. Quel est l’avenir des habitants de cet immeuble? Comment se sont-ils organisés? Les gens s’habituent les uns aux autres, à leur humeur. Difficilement. Mais, il n’y a pas d’échappatoire. Les rancunes, les rancoeurs, les colères  s’immortalisent dans un silence lourd, tenace et muet. Toute révolution, toute révolte est étouffée sous le poids de la vie en communauté, dans un milieu restreint. C’est dans cet espace confiné qu’est née Aya. Sa vie, son monde se limitent à son immeuble cerné par des murs de détritus.

Ce hui-clos entre des gens qui étouffent leur rancoeur, leur violence, leurs rêves, est très prenant. C’est un microcosme régi par des règles que chacun s’efforce de suivre pour le bien vivre ensemble. Une micro société où les combines, les compromis se font dans le secret, dans le silence. Le lecteur est emporté par la leçon de survie de ces locataires. Par la force de leur résilience. Malgré le fait que le monde entier ait tourné le dos à leur pays. Aya, comme les autres nous apprennent que l’humain s’adapte à tout et peut survivre  aux pires horreurs. Dès l’instant où il le veut et qu’il le peut. Ce roman ne laisse pas le lecteur indifférent. Ces hommes et ces femmes s’aiment, se haïssent, réinventent leur vie comme si le monde était à leurs pieds. C’est une belle leçon de vie.

Note 19/20

9782343242491    L’harmattan Coll. Lettres du Monde Arabe   142 p   15,50€

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