Face à l’amer – Lahsen BOUGDAL – 2022

Quatrième de couverture

Une jeune femme qui menait une vie paisible avec sa petite fille à Conakry, doit rejoindre son mari déjà installé à Paris. Elle se retrouve malgré elle entre les mains de passeurs sans scrupules qui vont l’entraîner dans une périlleuse aventure dans la forêt de Nador au Maroc. Dans un camp sauvage, elle doit se battre toute seule et tenter la traversée de la méditerranée comme la plupart des clandestins subsahariens coincés aux frontières de la honte. Quand elle réussit enfin à passer de l’autre côté, le rêve de l’Eldorado devient un cauchemar. Arrivée en banlieue parisienne, les réalités douloureuses de l’immigration précipitent sa chute dans l’infortune. Elle doit faire face à l’amer.

Chronique

L’immigration, les migrants, sont des sujets d’actualité. Ils déclenchent des passions très fortes à tel point que les gens semblent oublier que derrière les mots, il y a des humains blessés, cassés, meurtris. Il y a de grandes détresses. De grandes blessures vécues au quotidien, en plus d’une désespérance qui a poussé ces humains, par la force des choses, à quitter une famille, une terre, des traditions, une société où ils étaient reconnus. Partir, pour eux, est une blessure de plus. C’est accepter une fragilité dans le pays hôte. Accepter d’être invisibles ou d’être ostracisés car indésirables.

Yaya est professeur auprès d’adultes issus de l’immigration. Sa vie est routinière. Il vit dans sa bulle. Bien loin des contingences de ses élèves. Mais, son apparente tranquillité va se fracasser contre les déboires d’une vie. Celle de Fatimata, une de ses élèves. Qui est-elle? Quelle est son histoire? Pourquoi tant de tristesse dans son regard? Pourquoi cette timidité et ce bruyant silence de sa part? Des questions qui peu à peu érodent la bulle de Yaya. Sa vie entre en collision avec un monde qu’il connait à travers les informations, les discours politiques lors des élections.

Deux personnes, unis par l’enseignement, qui ont des vies si différentes. L’auteur aborde un sujet bien contemporain. Une gangrène qui ronge deux continents: l’Afrique et l’Europe. Une hémorragie humaine dont les rêves de richesse se perdent dans les squats, les pavés de Paris et d’ailleurs. Une écriture claire nous fait découvrir l’intimité d’un monde où l’humain n’est plus. Un monde où l’humain n’a ni cœur, ni âme, mais est une énorme caisse enregistreuse qui avale toute monnaie qui se trouve sur son passage, faisant fi de ce que deviendra son propriétaire. L’auteur en parle avec justesse, avec humanité, interrogeant la conscience humaine. Il dépose cette douloureuse vie, ce macabre voyage, aux pieds des bienpensants. Il force la terre entière à ouvrir les yeux et le cœur sur ce mal qui engloutit tant d’espoirs avortés. Tant de vies éphémères qui s’abiment au fond de l’océan. Pendant combien de temps la conscience humaine se taira-t-elle?

Note 18/20

9782343245980    Ed. L’Harmattan Coll. Rue des écoles    256 p.    21€

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