La dernière nuit de la vie de Mahmoud Saïd – Ahmed Fadhel SHABLOUL – 2022

Quatrième de couverture

Ici commence le monde et ici il finit, là où sont l’eau, le bleu, Alexandrie et les filles de Bahari. Je voudrais me lever, rajeunir et voir ce qui est au dehors de la chambre où je vais bientôt mourir ; ce sera peut-être mon dernier regard sur les lignes et les couleurs. Je suis las de la couleur blanche, la couleur imparfaite qui domine la chambre, les draps, le coton et les blouses des infirmières et des médecins, hommes et femmes. Je voudrais un bleu éternel… Un bleu d’extérieur… dans le ciel, la mer et le tram d’Alexandrie, mais je suis interdit de quitter le blanc. Je ne supporte plus le blanc.

Chronique

Il parait, c’est la légende qui le dit, que lorsque la mort approche, toute la vie défile devant les yeux du mourant. En tant qu’ancienne soignante ayant fait un long passage dans les services de fin de vie, je peux affirmer sans rougir, qu’en général, le service bruisse de murmures racontant des vies, des moments du passé que, souvent, bien des familles ignorent. Les échos de ces vies anciennes fracassent les protes des chambres, se promènent dans les couloirs, s’attardent au chevet de ceux qui sont déjà partis. Ils reviennent en douce musique aux oreilles de ceux qui les ont réveillés. Mahmoud Saïd fait comme les autres. Il se remémore une vie. Des vies. Quelles oreilles seront à l’écoute pour faire voyager ses mots? Pour les faire entonner une musique éternelle ?

Faire un pacte avec la mort. S’en faire un ami pour les derniers instants. Qui oserait le faire? Notre  héros l’a fait. Il nous invite à un voyage artistique et historique à travers sa ville, Alexandrie. Un rêve. Un voyage poétique, musical. Entre musique, tableaux, histoire et poésie. C’est un voyage qui nous transporte dans un monde où les tableaux reprennent vie. Les mots sont bercés de musique et de poésie arabe. Le tout est d’une grande beauté. Le tout grouille de vie, d’émotions. La mort est de passage et se fond dans ces différentes scènes qui transcendent les lecteurs. Demain est un autre jour. Ici, le dicton prend tout son sens.

Ce roman est une ode à l’art universel. Les peintures racontent une histoire. Celle de Mahmoud Saïd. Celle de sa vie et de sa mort prochaine. L’art, la poésie et la musique accompagnent ses souvenirs. Le tout est une ode à la vie. Cette vie qui côtoie la mort et en fait un allié. Ce soir, Mahmoud Saïd nous fait découvrir sa ville, Alexandrie, avec le regard d’un amoureux qui parle de sa belle. Ses mots se font caresse. Son regard se fait doux et tendre. Son amour est d’une grande pureté. C’est aussi un artiste qui nous parle des arts de sa ville, de sa vie, de son pays. Il n’a aucun regret pour tout ce qu’il a vécu. Demain, il ne sera plus. Il partira l’âme en paix. 

Note 18/20

9782343254616   Ed. L’Harmattan Coll. Lettres du Monde Arabe   150 p.   16€

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