Quatrième de couverture
À Luanda, à la fin de la guerre révolutionnaire, Félix Ventura, le bouquiniste albinos crée de faux passés qu’il vend aux nouveaux riches. Ses clients sont des entrepreneurs prospères, des hommes politiques, des généraux, tous ont assuré leur avenir. Il leur faut donc transmettre à leurs enfants un bon passé. Félix leur construit des généalogies flatteuses, des portraits d’ancêtres, des mémoires brillantes. Il en vit bien, jusqu’à l’arrivée d’un mystérieux étranger à la recherche d’une identité angolaise. Alors, dans un vertige, le passé envahit le présent et tout bascule. Satire féroce et pleine d’humour de la société angolaise, ce Marchand de passés est surtout une réflexion sur la construction de la mémoire et ses ambiguïtés.
Chronique
Qui n’a jamais rêvé de changer son histoire familiale? De retirer certains membres et d’en rajouter d’autres? Parfois, la vie serait tellement plus simple. C’est le métier que Félix Ventura exerce dans le secret de son « laboratoire ». Et cela est fait avec beaucoup de simplicité. Sans remords aucun. Il rend service à l’humanité, normalement, et sans aucune culpabilité. Un jour, au détour d’une rencontre très secrète, un homme lui demande de lui créer un avenir. Quelle idée saugrenue, pensa Félix, surtout que seul le passé de ses clients rythmait sa solitude. Que devait-il faire? Devait-il céder à la tentation? Tous ces billets de banque! Devait-il les prendre et, ainsi, perdre son intégrité, lui le créateur de mémoire?
Le conteur est un gecko, un lézard qui partage la solitude de cet homme amoureux des mots, surtout ceux qui sont obsolètes. Deux êtres (le gecko et Félix) racontent la même vie. Chacun la présente de son point de vue. Le lecteur découvre deux monologues qui ont beaucoup d’humour. Deux soliloques qui nous font découvrir une seule et même histoire au travers du philtre du temps. Des soliloques qui nous enseignent la philosophie de la vie. Un secret entre un solitaire et un gecko. Pourquoi cet homme au regard tourné vers le passé devait-il, maintenant, le tourner vers le futur? En a-t-il l’obligation?
Un homme qui voit la vie d’un oeil satyrique, D’un regard poétique, nous raconte ses vies, ses amis, ses rêves. A travers ce roman, l’auteur questionne la réalité du temps qui passe et des actions dans la vie. Pouvons-nous fantasmer la réalité de nos souvenirs? De nos projets? Devons-nous interroger cette réalité? Avec une écriture simple, satyrique, très humoristique, nous avançons dans l’histoire d’un homme, d’une nation dont le réalité n’est que ce qu’ils veulent bien en faire ou en dire. Une réalité que seul son ami gecko connait, lui qui est le témoin de ses soliloques, de sa vie. Lui qui est récipiendaire de ses rares confidences. Lui qui se souvient de sa lointaine humanité. Mythe ou réalité? Cependant, nul ne peut infirmer ou confirmer son histoire. Toutes ces vies s’entrelacent pour nous rappeler que la vie peut être vécue différemment, selon le nombre d’acteurs. Qu’elle peut être réinventée en fonction de ses envies.
Note 17/20
9791022606424 Ed. Métailié 134 p. 8€