Quatrième de couverture
Qu’est il arrivé à Yârie Yansané, cette jeune fille talentueuse, à l’imaginaire fantastique et débridé ? Elle aurait pu réussir sans doute si ses parents englués dans le respect des conventions avaient su l’écouter. Abandonnée à elle même, elle dérive au gré des rencontres et des hasards. Viol, mariage précoce, grossesse non désirée, mirage de l’aventure, la violence marque sa vie. En un long soliloque nous suivons sa dérive jusqu’à la folie. Ce récit aux contours surprenants est ponctué des trouvailles linguistiques de l’auteur.
Chronique
Yârie Yansané… la femme qui rêve de peinture. La femme qui rêve de changer le monde à sa façon. Yârie Yansané. Elle est le lien entre l’humain et les esprits. Ne prie-t-elle pas le dieu de la peinture? « Notre Picasso qui êtes aux cieux, restez-y pour peindre« . Il est le seul à la comprendre. A voir ces couleurs que nul humain ne peut voir. Pour elle, la vie n’est qu’un éternel arc en ciel dont les couleurs sont uniques et seulement visibles d’elle. Toute personne a droit au rêve, où qu’il soit dans le monde. Mais, les humains veillent. Ils cherchent et ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre l’intérêt de Yârie pour la peinture, ni voir ces couleurs de l’innocence.
Peu importe ce que pense le monde, Yârie ne se sent pas concernée. Elle poursuit ses rêves sur les routes de son enfance volée. De son intimité saccagée. De son corps porteur d’une vie factice. D’une poupée de cire. De sa vie brisée sur les écueils des barreaux d’une prison. De la chaleur brûlante de ses peintures retrouvées. J’ai envie de dire : qui es tu Yârie Yansané? La femme ou la fillette aux mille destins? Elle incarne à elle seule les maux, les traditions qui plombent et détruisent la vie de la femme africaine. Femme-objet que l’on brade. Femme-enfant sexuée que l’on déchire. Enfant de la honte qui a jeté l’opprobre sur la famille. Le clan. Femme sans âme, montrée du doigt accusateur. Fillette rejetée aux ordures sociales tel un cauchemar dont on ne veut pas se souvenir. Alors, la folie lui ouvre les bras et Yârie accepte cette embrassade. C’est une fin de non recevoir pour ces traditions aveugles et obsolètes. La folie qui permet le respect car respectée par la tradition. Cette folie établit un lien avec les Ancêtre, les dieux. Et Yârie renait pure aux yeux du monde.
Tierno Monénembo n’est plus à présenter Il fait partie du panel d’écrivains classiques africains. Il fait partie des grands, des très grands écrivains. Sa pièce de théâtre hurle à la face du monde les mauvaises conditions qui régissent la vie de la femme africaine. Celle qui subit. Celle que l’on montre du doigt car elle est la honte, le malheur. Elle est la femme-enfant pour qui l’avenir et le bonheur sont une option. Ce sont des mots forts. Des hurlements fétides envoyés à la tête de l’humain. A la tête de celui, de ceux qui sont à l’origine du malheur de la femme africaine : l’homme. Les traditions. Les coutumes qui brisent les rêves et détruisent des corps et des âmes. Ceux qui avilissent la femme au nom d’une pseudo tradition qui date de l’antiquité. Et je demande : Qui es tu Yârie? Pourquoi as tu arrêté de rêver? Tu en as le droit, le sais-tu? Tu en as le droit.
Note 19/20
9782350451299 Ed. Ganndal 68 p. 6,50€