Quatrième de couverture
Dans ce récit poignant et aux multiples rebondissements, l’auteur retrace les conditions d’existence de la femme africaine à travers la vie tragique des jumelles Mimi et Salemata nées dans le Bouramaya profond au sein de la famille de Tonton IB…
Chronique
Deux petites filles jouent ensemble. Elles sont jumelles et inséparables. En grandissant, elles ont les rêves de toutes les adolescentes du monde: faire des études, avoir un bon métier, se marier et fonder une famille, s’occuper des parents. Malheureusement, elles vivent dans un village très éloigné de la capitale de la Guinée: Conakry. Un village où le poids des traditions est imposé à la femme. Elle n’a qu’une obligation: obéir. A son père, à son mari. Mimi et Salemata ignoraient tout de l’avenir et se plaisaient à passer tout leur temps ensemble. Leur destin était scellé. Et pas pour le meilleur.
Salemata et Mimi représentent les femmes africaines victimes des traditions. Ces femmes dont les paroles, les sentiments et les rêves sont piétinés par le pouvoir sans limites des hommes. Leur corps, aussi, ne leur appartient pas. Salemata a vu ses rêves entravés par l’excision, le mariage précoce. Elle portera très tôt l’enfant d’un homme, du même âge que son père. Un homme qu’elle n’aime pas. Cet enfant qu’elle emportera dans la tombe lors de son accouchement prématuré. Ce qui est tout naturel pour les villageois: que des femmes meurent lors de l’excision ou en mettant un enfant au monde, est la volonté de Dieu. La vie continue.
Pas pour Mimi qui pleure toujours sa jumelle. Mimi qui se met à haïr le berceau des assassins de sa sœur: son village. L’auteur décrit très bien cette descente aux enfers des jumelles. Une descente infernale, lente et sûre. Rien ne viendra bouleverser cette chute. Ce roman rappelle que dans certains endroits du monde, les femmes, en l’occurrence, la moitié de la population n’a pas accès à la liberté d’agir. De penser. De se plaindre. De rêver. Leur destin est entre les mains des hommes qui en disposent à leur gré. Les jumelles n’ont pas eu droit au bonheur. Ce qui interpelle le lecteur. Quel aurait été leur destin si elles avaient eu le droit de choisir? Comment auraient agi leurs parents s’ils avaient su toutes les souffrances qu’elles auraient à subir? Salemata et Mimi ne le sauront jamais.
Notes 18/20
9782140275029 Ed. L’harmattan Guinée 110 p. 13€