Un jour – Murièle Modély

Il faudra bien
Que j’éructe l’exil
Que je cesse
De considérer
La fuite
De l’île

Hors de peau
Hors des miens
Hors de mon
quotidien

Il faudra bien
Que j’écarte
Des côtes
Les bords francs
De la plaie
Que je laisse le sang
Ou les larmes couler

Ou mon cerveau
Qu’importe

Que mon corps
S’investisse
Que je cesse
De dire

Vissée au
Continent

Il faudra bien

Un jour
Enfoncer la canule
Que le bout d’île
Explose

Que je m’enfonce nue
Dans la mer ou l’instant

Ou la répétition
Qu’importe

Que le crâne
Se fende
Que gerbent en continu
La bouche et le volcan

Extrait de Penser maillée, éditions du Cygne, 2012

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