Trois prétendants…un mari – Guillaume Oyônô Mbia – Acte 1

Ondua – Ah Matalina, n’est-ce pas que Juliette elle-même revient de Dibamba aujourd’hui?

Matalina – Oui, aujourd’hui. Elle m’a écrit qu’elle arriverait cet après-midi.

Atangana – Quelle heureuse coïncidence ! Vous savez, Ndi, le jeune cultivateur qui avait versé cent mille francs de dot pour elle arrive cet après-midi Également. On m’annonce aussi que (Un temps) euh enfin, un autre prétendant, un grand fonctionnaire de Sangmélima, vient me rendre visite aujourd’hui ! (Un peu emballé) Me rendre visite à moi, vous entendez ? (Ton confidentiel.) Là -bas, en ville, on attend longtemps avant de lui adresser seulement la parole ! (murmures d’admiration parmi les assistants.)

Bella – (fièrement) Un vrai blanc ! Ma petite Juliette va épouser un vrai blanc ! Ah Nane Ngk !

Matalina – (qui voudrait bien être à la place de Juliette) Quelle chance ! Ma cousine est vraiment née avec une étoile sur le front ! Épouser un homme si riche ! la veinarde ! Elle aura bientôt des tas de robes, des jupes en tergal, des perruques blondes, elle aura tout !

Ondua – (sentencieux) Ah Atangana, mon frère ! Voilà l’occasion ou jamais de te faire accorder un fusil sans les complications d’usage !

Abessolo – (très vite) Oui, ne rate pas une telle occasion ! Tu sais qu’on te fait subir de longues attentes chaque fois que tu te présentes devant les bureaux administratifs ! Maintenant que tu auras un si grand homme comme gendre, je parie que tous les fonctionnaires de Sangmélima s’empresseront de te servir !

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Makrita – (heureuse de cette information) N’est-ce pas ? (À Juliette) Ton père te donne un mari très travailleur, Juliette ! Ah, si tu avais vu le jour où Oyônô et lui me défrichaient mon champ d’arachides de cette année ! (…)

Abessolo(impatienté) Oui, mais nous ne voulons plus de lui ! Il faut que Juliette épouse le fonctionnaire ! (…)

Juliette – Mais comment voulez-vous que je…

Bella – (sévèrement) Juliette ! Une fille ne parle pas quand son père parle ! (…)

Juliette – Tu veux donc que j’accepte de me laisser vendre comme une chèvre ? Mais je suis un être humain ! J’ai de la valeur !

Matalina – Bien sûr que tu as de la valeur, Juliette ! On t’a déjà dit que Ndi, le jeune planteur d’Awaé, a versé cent mille francs pour t’épouser. Le grand fonctionnaire qu’on attend cet après-midi versera encore beaucoup plus d’argent. Est-ce que tout cela ne te montre pas que tu as de la valeur ? […]

Abessolo – Et qui d’autre veux-tu que nous regardions ? Tu es la fille la plus instruite de la famille ! Il faut aussi que ton frère Oyônô paie la dot de la fille qu’il veut épouser à Ebolowa. (Un temps : Abessolo sait qu’il va avancer un argument de poids) D’ailleurs, est-ce que tu nous as déjà dédommagés de toutes ces dépenses faites pour tes études à Dibamba et ailleurs ?

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