L’incendie – Mohamed Dib – 1954 – Ed. Points

Quatrième de couverture

A Bni Boublen, minuscule village perché dans les montagnes, la vie suit le rythme des saisons. Dans la plaine, s’étendent les immenses domaines des colons. Oar, le jeune héros de la grande maison, s’initie à cette vie rustique grâce à Comandar, sorte de Dieu Pan. L’enfant apprendra que les hommes ne sont pas heureux. Les Fellahs se réunissent, parlent, s’insurgent contre leur condition misérable et décident de faire grève. Le pays est en effervescence. Une nuit, le feu prends à des gourbis d’ouvriers agricoles. Les grévistes sont accusés d’être des « incendiaires ». Les meneurs sont arrêtés…

Mon avis

Je lisais Mohamed Dib depuis peu quand j’ai découvert ce livre. En tant que passionnée d’histoire, j’ai eu un grand plaisir à le découvrir. En effet, il s’agit des prémices de la Guerre d’Algérie. Il s’agit de l’histoire dans l’Histoire. Un lien entre la révolution populaire et la libération d’un pays.

incendie2A travers ce livre, on fait connaissance avec ce monde simple qui vit pour ses terres, qui subit dans sa chair et sur sa terre nourricière, le poids d’une « dictature » qui lui en demande toujours plus sans contrepartie. Ce peuple qui souffre de ne pas être entendu des hautes sphères. Peu à peu, les idées de révolte se transforment en maux, en mots. Et quels mots! Ce besoin de liberté, d’affranchissement de leurs souffrances grandit. Ces hommes décident de garder leurs terres, leurs champs. Cette révolte paysanne deviendra une révolte nationale. Elle mènera à la guerre. Le symbole de ce mouvement sera Ben Youb, un cultivateur, un fellah.

L’histoire est belle malgré la misère, la souffrance de ce monde agricole. Elle raconte laincendie0 reconquête d’un honneur perdu, d’un peuple qui relève la tête et qui, tel Marianne, lève le bras aux cieux pour reprendre ce qu’il pressent avoir perdu: La liberté. On vit ce changement au travers du regard d’un enfant en vacances: Omar. Il assistera à l’explosion d’une société figée dans ses traditions qui aura une violente prise de conscience d’une sempiternelle injustice. L’histoire nous emporte dans ce petit huis clos d’un village. On se doute de l’aboutissement de cette révolte, avec le recul. Cependant, on ne peut s’empêcher de vivre cette révolution en marche, à travers les yeux d’un adolescent, d’un paysan, d’un homme aux idées politiques.

incendie1La lecture se fait sans grande surprise. Mais les maux, les mots sont forts et nous entraînent dans une spirale qui vire rapidement à l’infernal. Les mots sont précis et pèsent leur poids de réflexion. Ils nous emportent dans une symphonie d’émotions que l’on ne peut maîtriser. Les mots nous enveloppent et nous font lever le poing, vivre cette révolution du côté des révoltés et de ceux qui ne le comprennent pas, qui ne voient pas la catastrophe qui se profile à l’horizon. Sans être historien ou passionné d’histoire, on aime son livre.

C’est un livre à lire, qui nous raconte un pays qui va entrer en guerre. 

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