Soweto – Seydi SOW – 2023 – Ed L’harmattan Sénégal

Quatrième de couverture

En 1976, en Afrique du Sud, les élèves se révoltent contre l’imposition de l’enseignement de l’afrikaans dans les écoles par les racistes de Pretoria. Dans un acte innocent, armés uniquement de chants aux lèvres, ces adolescents descendent dans la rue pour exprimer leur protestation. La répression de la police est sanglante et se solde par un lourd bilan de plus de quatre cents morts. Cette violence aveugle et raciste marque un tournant décisif dans la lutte contre l’apartheid, alors même que son leader charismatique est toujours maintenu dans les geôles des sbires de Pretoria. « Soweto » est un rappel d’un des moments douloureux de notre histoire, une reviviscence de la lutte des Noirs d’Afrique, une tragédie que l’humanité doit garder en mémoire pour que jamais pareille situation ne se reproduise pour aucun peuple sur terre.

Mon avis

Soweto… Soweto… Un crime qui a hanté mes nuits d’enfant. Un crime  qui confirma ma lutte contre l’apartheid depuis mes dix ans. Un crime qui plongea toute une jeunesse africaine dans les affres d’une colère froide. Des élèves sud-africains, du Township de Soweto, manifestèrent pacifiquement, en chantant leur refus d’étudier l’afrikaans, langue de l’oppresseur. Ce jour-là, la mort les accueillit par le chant sanglant des mitraillettes. Soweto se vida à jamais d’une génération. C’est ce que raconte cette pièce de théâtre. Zéréré est un de ces élèves. Il a survécu à ce terrible massacre et doit décider de son destin face à sa mère, Zambi. Une mère détruite et en colère car elle a perdu tous ses autres enfants dans ce massacre. Le maquis sera la demeure de Zéréré et la lutte, son quotidien.

L’auteur a écrit cette pièce de théâtre pour des lycéens. Chaque fin d’année au Sénégal, les collèges et lycées se lancent dans un concours de théâtre, de chants et de danses. Ce qui permet aux étudiants de se mesurer les uns aux autres dans la bonne humeur. Dans le maquis, des voix s’élèvent, signe de désaccord dans les modalités de la lutte. La plume de l’auteur se fait frondeuse, guerrière, comme ce peuple qui a souvent chanté ses malheurs, en esquissant des pas de danse. Il dépeint une lutte longue et difficile. Une lutte où Zéréré et ses compagnons sont entrés en clandestinité et sont devenus hors-la-loi.

Zéréré, rescapé de la tuerie de Soweto, maquisard revendiqué, représente le peuple noir sud-africain qui ploie sous les lois de l’apartheid. Ce peuple qui, avec l’exemple de Madiba et des autres prisonniers politiques, relève la tête pour revendiquer sa liberté. Un peuple qui n’hésite pas à utiliser les mêmes armes que ses geôliers : la violence. Un peuple qui n’hésite pas à donner sa vie pour annihiler ce régime de haine. A annihiler ce passeport interne qui lui interdit les villes blanches à partir d’une certaine heure. Ce passeport qui régit ses déplacements sur la terre de ses Ancêtres. Par des vers, l’auteur montre cette lutte inégale qui, un jour, créera la nation arc-en-ciel. Le lecteur est pris d’engouement face aux revendications légitimes du peuple par la voix de Zéréré, ce jeune homme qui avait mêlé sa voix au chant des enfants martyrs de Soweto. Cette pièce de théâtre me fait penser à « rouge et le sang des Noirs » de Peter Abrahams. À travers la voix de Zéréré, s’entend le cri de Steve Biko, et autres disparus. C’est la voix de l’espoir d’un peuple pour sa liberté.

 

9782140488078    Ed. L’harmattan Sénégal    136 p.    14€

 

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