Quatrième de couverture

Goncourt des lycéens 2020

Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa sœur, est contrainte d’épouser son cousin. Patience ! C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?

Mon Avis

Une histoire de femme. De femmes africaines. Toute leur vie tourne autour d’un mot « munyal« , supporte tout. Il a été décidé que tel était le sort des femmes. Les hommes l’avaient ainsi décidé. Dans « une si longue lettre » Mariama Bâ en parle si bien dans le récit de la vie de son héroïne. Souffrir. Supporter. Se taire. En silence. Un silence hurlant la peine, la douleur, les larmes, les cris, les coups, le viol. Tel est ce terrible « munyal » donc parle l’auteure. C’est un mot que l’on m’a susurré à l’oreille dès mon plus jeune âge. Un mot que je déteste. Tout comme Ramla, Safira et Hindou sa sœur. Mariées de force à des hommes qu’elles n’ont pas choisi. Dans une immense détresse.

Trois femmes. Trois destins semblables. Trois vies maritales différentes. Pourquoi est-ce toujours la femme qui est sacrifiée sur l’autel de la tradition? Pourquoi autant de souffrances ignorées? Le récit est très intimiste. Pudique. Fort. C’est le cri de trois femmes face au monde des hommes. Au monde des traditions. « Munyal« , un mot cache misère. Un mot qui met fin à tout désir de révolte. Un mot qui sacrifie des vies comme celle de ces trois jeunes femmes. Elles vivront toutes sortes de douleurs  : viol, violence, chantage, accusation, répudiation … Face à elle, un seul mot d’ordre  : Munyal. Un mot qui rend fou. Qui rend ivre de douleur face à l’indifférence générale. À l’indifférence parentale et familiale. Et si la fuite était une solution? Mais, où aller?

L’auteur nous parle de ces femmes prises au piège de la tradition avec pour leitmotiv munyal. Souffrir dignement. Tout supporter en silence. Pour pour le bien-être de la famille, de la société. Safira, Ramla et Hindou boirons la coupe de la souffrance jusqu’à la lie. Les hommes ont toutes les excuses. Les femmes sont toutes fautives. C’est ce qu’ont décidé les ancêtres. Les sages. Les hommes. D’une plume claire, l’auteure nous raconte l’enfer de ces trois femmes. Un enfer que vivent de nombreuses femmes à travers le monde. Dans un violent et bruyant silence. Fi de leur souffrance. De leur ressenti. L’auteure nous présente des destins brisés. Des femmes en miettes. Des victimes prisonnières des traditions. C’est un roman-plaidoyer pour ces femmes rendues muettes par la tradition des hommes.

9782490155255     Ed. Emmanuelle Collas    240 p.    17€