Quatrième de couverture

Nous sommes dans le vertige d’un pays qui vacille. Nous sommes dans un archipel où les frontières pourtant poreuses sont devenues infranchissables. Après les frontières physiques, celles du cœur semblent définitivement obstruées. Comment continuer d’aimer dans ces conditions? Comme des funambules, les personnages tentent de traverser le fracas de ce chaos sans être fracassés.

Mon Avis

Comores. Une île où les habitants se sentent oubliés par tous. Sauf de Dieu. Oui, une île qui ne laisse pas indifférent. Et elle a mille histoires humaines. Une famille raconte. D’autres personnes aussi : découvertes, rêves, déceptions. Etc. … À côté, se trouve sa jumelle, Mayotte. Une île où les Mahorais n’ont guère plus d’espoir. Il a suffi d’une nuit. D’un vote. Pour que la séparation soit irrémédiable. Pour que deux peuples fraternels se regardent en chiens de faïence. Se haïssent fortement. Pourtant, l’une à son indépendance, l’autre pas. Comment se passe la vie sur ces îles? Comment vit la population? Que pense-t-elle de la politique qui régit son île? Le monde semble bien vaste et si petit à la fois.

Des histoires de vie. Des récits différents. Mais qui se recoupent autour de ces deux îles. Les parents d’Ahmed se sont séparés. Sa mère est partie vers son rêve avorté qu’est l’île de Mayotte. Son père est resté avec lui aux Comores. Que de rancœur. Que de rancune. Que de colère contre un chez soi qui fait souffrir jusqu’à plus soif. L’auteur nous dépeint, à travers des mots violents, forts, une île qui est la porte de l’enfer. Une île où la misère, la faim peuvent pousser les jeunes dans les bras des islamistes. Les deux îles se font face. Dans la haine. La jalousie. Deux peuples frères qui se détestent. Et n’hésitent pas à en venir aux mains. Deux peuples dont le destin a basculé en une nuit. À quoi rêvent les jeunes qui y vivent?

Sur l’île de Comores, tout se meurt. Les humains. Les rêves. L’espoir des jours meilleurs. L’avenir des jeunes. Ahmed a un besoin fou d’aller vers l’Ailleurs. Il s’enlise dans ses contradictions. Dans sa haine de Bob Denard, Chef du gouvernement (il y a bien longtemps L.H.). Dans son désir d’éveiller les consciences. L’auteur nous présente les Comores comme une prison. Un bagne à ciel ouvert. Les humains tournent sur eux-mêmes comme des derviches ivres. Ils n’ont plus aucune ambition. Ahmed souhaiterait saborder son île. Y mettre le feu. Afin de pousser tout le monde à réagir. Ce doux rêveur ira t-il jusqu’au bout de ses idées? Le lecteur découvre, étonné, une île et des îliens englués dans une inertie qui menace de ne jamais changer. Même s’ils rêvent de s’installer sur l’île voisine: Mayotte. Eldorado qu’ils détestent, et qui le leur rend bien. Agiront-ils un jour? Alea jacta est…

9782370970893    Komedit     164 p.    15€